…La démarche de « Form-action professionnelle c’est : Sortir du schéma : « la théorie d’abord, l’application pratique ensuite »…
…L’acte de travail constitue un authentique acte de formation quand il est  accompagné d’une activité d’analyse, d’approfondissement  ou de recherche…

Un nouveau contexte .ou de  la nécessité de rénover le dispostif de Formation FFR

S’intégrant dans la dynamique de rénovations des diplômes d’Etat initiée par le Ministère des Sports,  la FFR a mis en oeuvre une refonte complète de sa filière de formation depuis les diplômes fédéraux jusqu’aux diplômes d’état afin de mieux répondre aux évolutions du secteur amateur et professionnel de la pratique du rugby.

Plusieurs  éléments essentiels  permettent de comprendre cette exigence de rénovation et les transformations qui en découlent :

  1. les contraintes institutionnelles et réglementaires accompagnant la réforme des formations aux métiers du sport initiée au sein du Ministère des sports. Cette réforme place les compétences professionnelles au coeur des dispositifs de formation afin de mieux répondre aux relations entre formation et emplois dans le champ des activités physiques et sportives. Ce cadre réglementaire incite le mouvement sportif et plus particulièrement les fédérations à réfléchir à de nouveaux dispositifs  prenant en compte  les contraintes d’une véritable professionnalisation des formations.
  2. La professionnalisation du Rugby et l’augmentation des confrontations internationales à l’échelle des clubs ou des nations. L’échange de   pratiques d’entraînement et de management du rugby ont  souligné la nécessité de former des entraîneurs capables de concevoir et de mettre en oeuvre, au sein des structures de formation professionnelle des démarches les plus efficaces d’optimisation de la performance tant individuelle que collective, démarches qui doivent désormais s’intégrer aux nouvelles exigences du sport professionnel (et notamment son évolution réglementaire) tout en préservant les valeurs et l’éthique de l’activité rugby.
  3. L’effet Coupe du monde : cet événement sportif a  confirmé la place du rugby à XV au sein de la société française  et se concrétise par :
    1.  un afflux massif de  nouveaux licenciés sur les différentes catégories d’âge,  qu’il convient d’accueillir et de fidéliser
    2. Une demande de pratiques très diversifiées sans cesse croissante et qui concerne :
      • Les pratiques de loisirs (Beach Rugby, Rugby à toucher, « anciens ») associées à  un refus des pratiques compétitives traditionnelles.
      • La  pratique féminine qui se développe (+40% de licenciées en 2008)
      • La pratique liée  au développement du club dans le tissu social qui l’entoure en liaison avec des politiques  éducatives territoriales, contractualisées sur le principe d’une approche globale des besoins de l’enfant et du jeune (quartiers, écoles, centres aérés, milieu carcéral)
      • Et une pratique plus traditionnelle orientée vers la recherche de la Performance
  4. Des obligations fédérales[1] plus exigeantes en termes  de compétences techniques, pédagogiques et sécuritaires des encadrements pour les collectifs engagés en compétitions. La FFR a conçu une filière complète de formation et de certifications, depuis les diplômes fédéraux   jusqu’aux diplômes d’état, visant à mettre en adéquation les diplômes et les exigences réglementaires, les attentes des publics, les  besoins émergents, les nouveaux métiers et l’évolution des structures d’accueil Elle  organise les différents niveaux de qualification en fonction des niveaux d’intervention (encadrants bénévoles, encadrants rémunérés, sport amateur, sport professionnel, compétences différenciés en fonction des niveaux d’intervention, pratique d’initiation, de perfectionnement, compétition de haut niveau etc.) B

Le  dispositif  structurant les nouveaux diplômes Rugby :

Les nouveaux diplômes Rugby  sont structurés non à partir de programmes de connaissances théoriques  mais à partir de l’analyse des contextes de travail  et la mise en évidence des compétences  significatives du savoir faire professionnel.

Chaque diplôme est organisé en référentiels :

  • le référentiel de l’activité lié à l’emploi dans le champ du rugby (clarifie les taches  à maîtriser au cours de la conduite des activités professionnelles qui ont été identifiées lors de l’analyse du travail dans le cadre des emplois repérés.)
  • le référentiel de compétences et  le référentiel de formation  (précise les savoirs de différentes natures qui sont constitutifs de la maîtrise des compétences requises.
  •  Le référentiel de formation permet d’élaborer les contenus de formation qui seront abordés lors du parcours de formation.)

La structuration des diplômes rugby XV en unités capitalisables traduit de manière réglementaire cette orientation. Le diplôme est obtenu lorsque le stagiaire a validé les différentes unités constitutives du diplôme.

La filière de formation organise le secteur d’intervention amateur et le secteur d’intervention professionnel comme suit :

  1. Pour les diplômes fédéraux, trois publics correspondant à trois diplômes :
    • école de rugby (jusqu’à la catégorie moins de 13 ans)
    • entraîneur jeunes (moins de 15 et moins de 17 ans)
    • entraîneur (moins de 19 ans et plus)Pour chaque diplôme 2 domaines de compétences à maîtriser :
    • conduire et animer des séances d’entraînement
    • accompagner le groupe en compétition (préparation, management, bilan, remédiations)

      Pour chaque diplôme  5 domaines de connaissances associées : le jeu, le joueur, la démarche, le règlement, l’éthique de la pratique.

      Pour chaque diplôme un dispositif  de certification qui évalue les compétences d’action en situation réelle et les compétences de conception au travers de rapport d’expériences permettant l’analyse distanciée des expériences du stagiaire.
  2. Pour le secteur « professionnel », il y a obligation de posséder un diplôme d’état. Pour chaque diplôme d’état, (BP JEPS Sport Co, DE JEPS rugby XV et DES JEPS rugby XV) un livret référentiel harmonise le cadre général de la certification des compétences ainsi que les contenus de formation associés aux différentes unités capitalisables du diplôme.
    Des Fiches repères « contenu de formation »ont pour objectif de préciser les attendus en terme de connaissances associées à partir de la lecture de la fiche descriptive d’activités et la prise en compte du référentiel de certification.
  3. La création récente de CQP (Certification de qualification Professionnelle) complète la filière pour des missions d’entraînements et de coordination d’Ecole de Rugby exercées à temps partiel  en complément d’une activité professionnelle.

Le Modèle de formation Fédéral …ou la démarche de Form’action

La FFR a depuis de longues années une  pratique de formation des éducateurs et des entraîneurs intégrée aux « modèles culturels » de l’environnement Rugby.

Parmi ces modèles,  deux positions fondamentales structuraient jusque la l’environnement de la formation :

  • une position  considérant que  les pratiques des éducateurs et des entraîneurs se  construisent essentiellement  par immersion dans l’action. Selon le vieil adage que « C’est en forgeant que l’on devient forgeron ». C’est donc dans l’action et l’action seule que se construit le savoir faire de l’éducateur et de l’entraîneur. La compétence professionnelle est donc le résultat nécessaire et suffisant de la pratique.

    On sait aujourd’hui les limites d’une acquisition des compétences par l’action seule.  Former par l’action suppose d’intégrer la pratique concrète  dans une démarche « réflexive »  permettant d’en extraire les fondements, d’en comprendre les mécanismes, d’en rendre conscient les procédures.
  • une position qui considère les pratiques d’entraînement ou d’animation comme des savoirs faire dérivés essentiellement des connaissances scientifiques. Ce  modèle de l’animation pédagogique et de l’entraînement comme science appliquée  conduit l’éducateur et l’entraîneur à suivre les prescriptions issues des travaux de recherche scientifiques. La  pratique doit se conformer à des modèles et des principes déduits des savoirs scientifiques dont elle serait l’opérationnalisation.
  • Entre ces deux positions, un autre modèle semble aujourd’hui plus opérationnel aux yeux des différents intervenants rugby : celui  de l’éducateur et de l’entraîneur définis comme « praticiens réflexifs » Le « praticien réflexif  envisage son action comme une pratique réfléchie, productrice de savoirs formalisés à partir des expériences réalisées en situation. Le savoir professionnel est considéré comme un savoir agir, l’acteur en situation n’est pas un simple applicateur de modèles théoriques qui lui apporteraient par une démarche prescriptive les solutions aux problèmes rencontrés sur le «  terrain ».

Le professionnel compétent n’est pas seulement celui qui sait agir avec compétence, c’est aussi celui qui sait décrire comment il sait agir avec compétence (formalisation distanciée).La réflexivité est reconnue comme  essentielle dans la construction des compétences »

Cette capacité de tirer des enseignements de sa pratique contribue en cours de formation à développer une capacité à générer des compétences, ce qui caractérise aujourd’hui l’ingénierie de la professionnalisation. 

Former un praticien réflexif, c’est donc former un professionnel capable de maîtriser sa propre évolution en construisant des compétences et des savoirs nouveaux ou plus pointus à partir de ses acquis et de ses expériences 

La Form’action.

  • L’approche vise à développer des compétences plutôt que de transmettre des connaissances
  • Les compétences sont centrées sur   des connaissances (savoirs) des habiletés (savoirs faire) et des attitudes (savoir être)
  • Les cibles de formation  sont centrées sur les besoins des stagiaires et non plus sur le contenu
  • La démarche de « Form-action professionnelle c’est : Sortir du schéma : « la théorie d’abord, l ’application pratique ensuite »L’acte de travail constitue un authentique acte de formation quand il est  accompagné d’une activité d’analyse, d’approfondissement  ou de recherche. Les « situations de travail » sont des supports pour la construction des compétences  Ceci implique pour le formateur de construire des contenus et des situations de formation  en correspondance aux « situations professionnelles de référence » Les apports théoriques n’ont de sens que s’ils répondent à une question, à une attente, que s’ils contribuent à résoudre un problème, donc s’ils renvoient à une pratique de référence. Cette articulation est essentielle dans la construction des compétences « professionnelles »  et dans la construction des contenus de formation. La reconnaissance de ce modèle constitue un principe structurant des formations aux métiers du Rugby, Il s’inscrit en rupture avec le modèle traditionnel

Max Godemet  (DTN  Adjoint FFR)


[1] Article 353 des Règlements généraux FFR

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